Page Noir : « Oraison funèbre de Gaylord Polycarpe Gereviko Dzutu à sa mère Odette Takode »

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L'artiste slameur et poète Guelord Polycarpe Gereviko Dzutu, alias Famille Guez rend un vibrant hommage à une femme exceptionnelle, la mère biologique du Président du Conseil Provincial de la Jeunesse du Nord-Ubangi (Jérémie Max Nzinga Nzengo).


Nous vous convions à lire ci-dessous l'intégralité de son oraison funèbre faite à madame Odette Takode. 


MÈRE ! TU ES LE MAT COUCHÉ. Prose triste 

Gbadolite ville 

04 Décembre 2025

16h 47'


Tu es le mat couché, tu es le timon brisé 

Et moi sans repères, sans boussole

Mon élan s'est figé, en saut de puce 

Mon rêve, est une calebasse, aux plaintes démentes 

Mon rêve calciné dans le choc du réel, mère !


Que l'horreur achève son œuvre, 

Comme une lampe qui se meurt faute d'huile 

J'organise recroquevillé dur les pavés ravagés 

Tandis que la mort dans la nuit vers mon corps affalé 

S'avance une fausse dans la main droite 

Par le souffle brûlant du malheur

Tel un sabre entre les dents 

Tel un trident dans l'autre main

Que l'horreur achève son œuvre 

Que la tourmente séquestre mon dernier cri.


Mère tu habites une saison altière 

Tu cohabites avec l'éternité 

Ta voix faîtière résonne en moi sans fêlure !

Ta voix m'invite à quitter les vêtements du deuil

Ta voix m'invite à nouveau aux fastes de la vie


À la même 

Tu as franchi déjà immortelle 

Le seuil de la mort en plein midi

Tu as entamé ici-bas ta vie d'outre-tombe 

Tu as chaussé les sandales des ailées 

Qui savent narguer les méandres.


Dors mère

La lune te dit merci 

De l'avoir bercée sans répit

Jour après jour 

Da l'avoir gavée de ton lait incorruptible 

De l'avoir couvé dans ton sein nourricier  

Ton lit mortuaire enrubanné des chants écarlates

Est une où seule qui retentit ton pas d'ange.


Dors mère 

Ta main a mérité de tous 

Ta natte a accueilli des orphelins sans nombre 

Tes mains ont guéri les angoisses des errants

Condamnés à une mort certaine dans un autre pays

Ta bouche a prêché le pardon 

Dos à l'horreur saisonnière aux guerres de la maladie 

A la tourmente sans fin

Tu as fait souche dans cette terre étrangère 


Dors mère 

Tu te réveilleras dans la splendeur translucide 

Sous le voile pur des matins sans rides

Ton visage épuré resplandira comme l'étoile du sud 

L'étendard du juste 

Tu contempleras face à face tes constellations de prédilection

Par des champs de l'infini 

Tu t'en es allé en plein midi comme pour dire que ta route 

Fut lumineuse 

Que la lumière fut ton plancton

Ta dilection ton sel et ton salut.


Mère chaque son de djembé incise ma peau noire avec chagrin 

Le likembé sous les doigts fiévreux de ma nostalgie a les sanglots de ta voix 

Mère ton silence me cloue sur le pilori de l'insomnie 

Je suis un christ dérisoire et comique 

Sur une croix invisible 


Mère Redonne-moi mon corps d'alevins

Ton absence un pur cauchemar de

Redis-moi les légendes de ma terre demâtée 

Chaque son de djembé est un coup d'épingle dans mes neurones

Redonne son et couleur à chaque membre de la famille. Bon retour dans la maison du Père.


Réaction Legon News.

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